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Les anciens du bahut écrivent

Je devrai réserver ma critique aux auteurs que j'ai connus sur les bancs de l'école ou à ceux dont j'ai été l'assureur.

Il en est ainsi de Gérard Faure, un ancien condisciple du lycée et mon père et moi-même avons été l'assureur de son père, pharmacien au Monastier. L'art d'évoquer son enfance est difficile, surtout après Le petit chose, d'Alphonse Daudet ou L'enfant de Jules Vallès. Il suffit peut-être de rester simple et naturel, comme le fait Gérard Faure. Ce ne sont pas d'antiques souvenirs, puisqu'ils se rapportent au lendemain de la dernière guerre, mais pour chacun l'enfance appartient à un monde révolu. La mémoire de l'auteur gravite autour de la pharmacie du Monastier où Antonin Faure son père exerce. D'abord la famille : sa mère irréprochable et affectueuse à l'inverse de celle de Vallès, les frères, les tantes et grands-parents paternels et maternels enveloppés dans une même tendresse réciproque. Le bon pharmacien dit à ses clients désargentés : "Vous me paierez demain", ce qui veut dire jamais. À cette époque le monde rural n'a pas de garantie sociale. La population et les originaux défilent à toute heure dans la boutique et l'arrière-boutique où le pharmacien fabrique ses remèdes. Les deux médecins du bourg sont les docteurs Cornaire et Ollier. Le beau costume du Dr Cornaire rétrécit après un orage pris sur le Gerbier de Jonc et sa 2 CV prend un air bancal quand il s'assoit au volant.

L'abbaye est un autre centre, car l'école est dans le château abbatial. Les enfants y apprennent l'histoire des moines avec celle de la France. La maîtresse fabrique encore l'encre qu'elle verse dans les encriers de porcelaine blanche. Les écoliers, des greniers interdits de l'abbatiale aux souterrains, se livrent au plaisir de faire des bêtises dans un monument historique. Sous les piles, c'est-à-dire sous les arcades du bâtiment conventuel devenu mairie dort le "Toude". L'église rythme la vie dans les offices, enterrements, processions des pénitents et de la Fête-Dieu, avec une pincée de charme pour sa part de patois. Ce qui n'empêche pas la famille de rester laïque dans la mouvance de Laurent-Eynac. L'enfant entend le ministre, dans son jardin voisin, répéter ses discours.


La ligne de chemin de fer jamais terminée est un autre monument. Sur le pont métallique, aujourd'hui disparu, une trappe et une échelle permettent de rejoindre la passerelle inférieure et intérieure. Dans celui de la Roucoumène les enfants, parmi les chauves-souris, s'aventurent dans les piliers creux et dans le village ils apprennent à endormir les poules.

Le vocabulaire est choisi : " Que l'on puisse marcher avec de pareilles estrades " écrit-il pour les talons hauts de sa tante. " … le curé était comme un oiseau qui n'aurait su s'envoler ". Les odeurs sont évoquées dont celle de l'eau "qui vient de la pierre". Un monde où personne n'est dupe, quand le pharmacien n'est pas là, l'enfant répond : " il est chez les soeurs." Quand on lui demande d'aller le chercher, il court au café. Le récit se termine dans l'officine où le pharmacien, dans son cercueil, reçoit pour un dernier hommage clients et amis. Enfance sans barbelés, la qualifie-t-il. Ces petits éléments disparus nous rattachent au passé, chacun peut mettre un nom reconnaître un fait et y voir le reflet de sa propre jeunesse. Alors pourquoi ce sous-titre "La vie se porte froissée" ? Cette belle préface de l'enfance rend-elle la vie qui suit plus âpre ?

Christian de Seauve

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