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1984, 108 ème édition, discours de Christian Susini 2/4

Passée la 7ème d'autres noms étaient déjà là à nous attendre car un professeur était souvent un nom avant de devenir un visage, puis une présence : en Français latin grec : NANEIX, père et fils; en philosophie : PICON, en mathématiques : BRUON; en anglais : LAGET et BONIN; en allemand : VIDIL et COUVERT; en histoire : RIVET, DELAVET, et ROUGET. C'est toute une litanie de noms qui parfois s'égrène pour une discipline deux par deux, un peu si vous me permettez cette comparaison, comme les noms des ascenseurs.

Il y avait ceux par lesquels on était profondément et durablement marqué, mais auxquels aussi, parfois en raison de la violence et de l'instabilité de cette periode d'adolescence nous nous opposions. Ainsi ai-je toujours regretté qu'un, je ne dirai pas engagement, plutôt un accès de démangeaison politique m'ait empêché de suivre en discipline recueilli les cours de Pierre PICON. Mon intolérance, à son égart ne cessa de monter au cours de l'année de philosophie et dieu sait pourquoi ? Peut-être par défi et provocation j'avais choisi comme place celle qui était directement sous mon bureau. Pendant que PICON parlait, afin de marquer une indifférence feinte sur une grande fueille blanche je ne philosophais pas, je dessinais en arborant un sourire que je voulais plein d'ironie. Ceux qui ont connu Pierre PICON se rappelleront qu'il était de nature plutôt nerveuse. A tel point que ces cours étaient à intervalles réguliers, ponctués de bruyant coups de pieds qu'il assénait involontairement au bureau en croisant et décroisant les jambes. Cette fois-là j'aurais du être plus prudent car tout indiquait que l'énervement le gagnait à se voir ainsi nargué avec autant d'aplond. Avec désinvolture, je continuais à dessiner, jusqu'à qu'un silence de la parole destiné à me faire lever la tête aussi bien qu'à prendre les autres à temoin, laissât place à la question : " mais enfin SUSINI qu'est-ce que vous faites là depuis le début du cours, vous ne prenez pas de note ? " La reponse était prète depuis longtemps déjà et n'attendait que cette question : " Monsieur je dessine ". A quoi PICON repondit : " Et bien, je vous serais reconnaissant d'arrêter " puis' après un temps il ajouta " il est permit au professeur de distraire les élèves mais pas aux élèves de distraire le professeur ". L'échange en resta là, à la façon d'un western qui tournerait court. Quelques années après en relisant le cours de philosophie de PICON, qu'un ami Paul GRATUZE m'avait prêté, je me rendis compte que tout ce que j'avais refusé sur un coup de tête et quelle influence profonde (j'allais dire inconsciente) cette parole d'un authentique maître avait malgré tout eu sur l'adolescent que j'étais.

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Retour - Publié le Mercredi 04 Février 2009

 

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